Le déplacement des résidents d’Achraf vers le camp Liberty se poursuit avec son lot de brimades, d’humiliations, de vols et d’agressions. Chaque convoi est l’objet de contrôles interminables, d’interdictions et de confiscations. Le 27 août, pour avoir osé protester contre le vol de leurs biens personnels lors de la fouille préalable à leur départ pour Liberty, les résidents ont été violemment attaqués à coups de bâton, de matraques et de pierres. Vingt d’entre eux ont été sérieusement blessés.
Le Comité international pour l’Application de la justice a fermement condamné cette attaque et insisté sur la nécessité d’une intervention active du gouvernement américain, des Nations-Unies et de l’Union européenne pour une solution pacifique du problème d’Achraf. Le 4 septembre en fin d’après-midi, une balle de 7,62 mm, tirée de l’extérieur du camp, a brisé le mur du réfectoire de la section 4, cassant une chaise et de la vaisselle. Cet attentat a été rendu possible du fait de l’enlèvement par les Irakiens des murs préfabriqués en béton qui protégeaient autrefois les bungalows.
Se bouchant les yeux et les oreilles pour ne rien voir et ne rien entendre, la MANUI continue de faire l’éloge du gouvernement irakien. Un compte-rendu de la MANUI daté du 23 août et les déclarations d’un porte-parole onusien le même jour, visent une fois de plus à inverser la réalité et à donner du bagne de Liberty l’image d’un palace.
Dans une interview publiée le 21 août par le Washington Times, Tahar Boumedra, ancien haut responsable de l’ONU, a accusé Martin Kobler, chef de la mission de l’ONU en Irak, d’avoir trompé l’ONU ainsi que les opposants iraniens sur les conditions de vie au camp Liberty. Il a déclaré « avoir reçu le choc de sa vie » en visitant, au mois de décembre, le camp vandalisé après le départ des Américains et dans un état de délabrement total. Mais, il lui a fallu, suivant les consignes de Martin Kobler, retourner au camp pour en ramener des images vendables. « Et je me suis retrouvé à fabriquer des rapports et à falsifier des photos pour tromper mon organisation, la communauté internationale et les Achrafiens ».
Alors qu’il dirigeait les pourparlers avec les Irakiens pour la fermeture d’Achraf, M.Boumedra avait conseillé à M.Kobler de ne pas accepter le protocole d’accord qui sortirait de ces discussions parce que les Irakiens méprisaient les normes internationales des droits de l’homme. Il ne fut pas écouté et finit par démissionner, ayant « perdu le respect de toutes ces institutions et aussi de moi-même parce que j’ai fait partie de ça »