Les individus liés aux services secrets iraniens qui s’activent à l’étranger contre les adversaires déclarés du régime des mollahs –essentiellement les membres du CNRI- se cachent le plus souvent sous le masque d’associations culturelles ou humanitaires et s’efforcent de ne pas révéler leur connivence avec la dictature en place à Téhéran.
Pour avoir dénoncé trois d’entre eux, Ehsan Naraghi, Djahangir Shadanlou et Manoutchehr Shalali, dans son livre « Vevak Au service des ayatollahs », Yves Bonnet, préfet honoraire, ancien directeur de la DST, s’est vu intenter un procès en diffamation qui connut son dénouement le 11 février 2010.
Dans son arrêt, la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a débouté de leur action deux de ces agents, Jahangir Shadanlou et Manoutcher Shalali et relaxé Yves Bonnet. En ce qui concerne le troisième, Ehsan Naraghi, le tribunal a jugé a jugé que parmi les sept passages du livre incriminés, seuls deux pouvaient être considérés comme présentant un caractère diffamatoire en raison d’une argumentation insuffisamment étayée. Il s’agit de l’implication supposée de l’un des plaignants dans la torture psychologique des prisonniers politiques et du fait qu’il aurait incité quelques personnes à témoigner à charge dans le dossier de la rafle du 17 juin 2003.
Mais, le plus important, c’est que le tribunal n'ait pas accepté les plaintes portant sur cinq passages : l'appartenance de Naraghi au Vevak comme agent ainsi qu'à la Savak du Shah, sa justification de la torture des Moudjahidine du peuple et des militants iraniens, son approbation de la Fatwa de mort contre Salman Rushdie et son embauche à l'UNESCO sur les conseils du régime des mollahs. Le tribunal a déclaré que compte tenu de l’ensemble des preuves et témoignages présentés par M. Bonnet concernant les relations et les activités de ces individus, leurs plaintes en diffamation pour avoir été traités d'agent du Vevak ne sont pas justifiées.
Le jugement retient « la proximité d’Ehsan Naraghi avec le pouvoir actuel » surtout qu’à l’audience a été produite la lettre adressée par lui à Mahmoud Ahmadinejad pour demander son aide et son assistance dans ce procès.
L’action en justice de ces trois plaignants n’aura eu pour résultat que de faire confirmer par un tribunal leurs liens avec le régime des mollahs, ce qui renouvelle à leurs dépens le vieux gag de l’arroseur arrosé.