Parmi tous les êtres vivants, c’est seulement chez l’homme que l’on trouve des individus qui prennent du plaisir à faire souffrir leurs semblables. L’animal tue pour se nourrir mais ne torture pas sa proie et on ne trouve de bourreaux que chez les hommes. Il y en eut de tous temps, dans tous les pays et, malgré les progrès de la civilisation, il en demeure encore au vingt et unième siècle. La France a connu les atrocités de l’inquisition ; plus récemment celles de la gestapo. Elle s’en est rendue coupable durant la guerre d’Algérie, certains militaires adoptant les méthodes des nazis qu’ils avaient combattus pour obtenir des renseignements qu’ils jugeaient utiles à leur lutte contre la rébellion. Ceux qui, aujourd’hui, torturent en Iran n’ont pas la même motivation. Il s’agit pour eux de punir et de faire peur.
Dans une récente enquête, l’ONG Amnesty International s’est penchées sur le sort des 7000 personnes arrêtées pendant les manifestations de novembre 2019. Son rapport, publié le 2 septembre 2020, montre que que la torture et les autres formes de mauvais traitements ont été utilisées de façon généralisée par la police et par les agents des services du renseignement, des forces de sécurité et de l’administration pénitentiaire contre des hommes, des femmes et des enfants, au moment de leur arrestation et par la suite pendant leur détention.
La torture a été utilisée pour punir, intimider et humilier des personnes détenues, leur extorquer des « aveux » et des déclarations incriminantes, non seulement au sujet de leur participation aux manifestations, mais aussi quant à leurs liens supposés avec des groupes d’opposition, des défenseurs des droits humains, des médias étrangers ou encore des gouvernements étrangers. Les recherches menées par l’organisation montrent que les victimes :
-ont souvent eu les yeux bandés ou la tête recouverte d'une cagoule,
-ont été frappées à coups de poing ou de pied, avec des bâtons, des tuyaux en caoutchouc, des couteaux, des matraques et des câbles,
- ont étés uspendues ou forcées de se tenir dans une position douloureuse pendant une longue période ; privées de nourriture et d’eau potable en quantités suffisantes ; placées à l’isolement de façon prolongée, parfois pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois ; et privées de soins médicaux pour des blessures subies pendant les manifestations ou résultant d’actes de torture.
Les informations de première main qu’Amnesty International a reçues révèlent également que des agents chargés des interrogatoires et de l’administration pénitentiaire ont infligé des violences sexuelles à des hommes en détention, notamment en les privant de leurs vêtements et en les forçant à être nus, en les injuriant, en les aspergeant de gaz poivre sur la zone génitale, et en leur administrant des décharges électriques sur les testicules.
Dans tous les cas documentés par Amnesty International, les victimes ont fait état de diverses formes de torture psychologique visant à leur arracher des « aveux », notamment avec l’utilisation d’insultes dégradantes et d’obscénités ; l’intimidation et le harcèlement de membres de leur famille ; des menaces d’arrestation, de torture, de meurtre ou d’autres agissements consistant à nuire à des membres de leur famille, y compris des proches âgés ou les épouses ; et des menaces de viol des personnes détenues ou de femmes de leur famille.