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Elle s’appelait Saba ; elle avait 29 ans. Elle était née et avait passé une partie de son enfance dans la prison d’Evine où sa mère était détenue. Résidente d’Achraf, elle fut atteinte, lors de l’attaque des forces armées irakiennes, par une balle qui lui sectionna l’artère fémorale et lui brisa un fémur. Dans une lettre ouverte particulièrement émouvante, son père Reza Haft-Baradaran, lui aussi membre de l’OMPI, raconte comment les militaires irakiens ont tout fait pour retarder le plus possible son admission à l’hôpital Adnan Kheyrallah de Bagdad, le seul doté des équipements qui auraient pu permettre de la sauver.
Arrêté sept fois en deux kilomètres sur le chemin reliant Achraf à la route principale menant à Baquba, le convoi mit deux heures pour parcourir cette distance. Au dernier arrêt, le commandant irakien qui voulait renvoyer à Achraf les accompagnateurs des blessés murmura à l’oreille de son voisin après avoir été informé de l’état critique de Saba : « Comme c’est bien ! Nous, on veut qu’ils meurent tous. » Le passage inutile par l’hôpital de Baquba fut une perte de temps supplémentaire d’une demi-journée et donna lieu à un odieux chantage. Un officier irakien Raed Yasser vint dire au père de Saba : « Si tu veux sauver la vie de ta fille, quitte l’OMPI et je te donnerai les meilleurs moyens pour la sauver immédiatement. Ensuite, on vous emmènera dans les meilleurs pays, comme la France, ou là ou tu voudras aller. » La réponse négative engendra de nouveaux retards et Saba n’atteignit le bloc opératoire qu’après 14 heures d’hémorragie interne. Le 8 avril 2011, vers 5h30, alors que son père cherchait désespérément du sang pour la sauver, un soldat lui annonça que sa fille était morte. Et Reza de conclure : « Pourquoi Maliki verse-t-il le sang des moudjahidine sur ordre des mollahs au pouvoir en Iran ? Pourquoi tout le monde se tait ? Vous n’avez donc pas entendu Saba ? Ses derniers mots ont été « Nous avons résisté jusqu’au bout. Nous résisterons jusqu’au bout. »