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Il me semble que, dans cette affaire, le plus coupable n’est peut-être pas le premier ministre irakien Nouri al-Maliki, l’ami des mollahs qui se contenta d’obéir aux ordres du Guide suprême iranien Ali Khamenei, mais bien Barack Obama, le président américain. Soucieux de sortir au plus vite son pays du bourbier irakien dans lequel l’avait plongé son prédécesseur à la Maison Blanche, le nouvel élu ne s’embarrassa pas de scrupules et faisant fi des engagements antérieurs, s’empressa de signer avec le gouvernement irakien un accord sur « le transfert d’autorité et de respect de la souveraineté irakienne » comportant, entre autres clauses, l’abandon du contrôle de la cité d’Achraf aux forces de sécurité irakiennes.
Une fois encore, après s’être mêlé de ce qui ne le regardait pas et avoir bien semé la pagaille, l’Oncle Sam s’esquivait sur la pointe des pieds, reniant sa parole et laissant des ruines derrière lui.
Car, de promesses, les Américains n’en furent pas avares. Lorsqu’en 2003, les résidents d’Achraf leur avaient remis tout leur armement, ils s’étaient engagés par écrit avec chacun d’eux à les prendre sous leur protection. Après un an d’enquête, ils leur avaient même octroyé le statut de personnes protégées par la Quatrième Convention de Genève. Plus tard, à la suite d’un sit-in de plusieurs mois à Genève, devant le Haut Commissariat aux Réfugiés, la Résistance iranienne avait reçu l’assurance que les Américains maintiendraient une présence à Achraf pour en assurer la protection.
Bien avant la signature de l’accord de désengagement, le Conseil national de la Résistance iranienne avait à maintes reprises tiré le signal d’alarme auprès des instances internationales, annonçant que ce transfert du Contrôle d’Achraf aux forces de sécurité irakiennes allait obligatoirement conduire à une catastrophe humanitaire. Peine perdue ! La communauté internationale resta sourde à cet appel ; et ce qui devait arriver arriva avec la complicité passive de l’Administration Obama : le 28 juillet, en descendant de l’avion qui le ramenait des USA, Maliki commanda de donner l’assaut, alors que le Secrétaire à la défense Robert Gates était en visite d’Etat à Bagdad et ne pouvait guère ignorer ce qui se préparait.
Les Gis présents à Achraf avaient reçu l’ordre de ne pas intervenir. Ils ont tout vu, tout filmé, mais un ordre est un ordre ! A contre cœur, comme ils l’ont avoué par la suite, ils assistèrent impuissants à l’agression et durent attendre 48 heures pour obtenir du haut commandement, l’autorisation d’évacuer les blessés les plus graves vers l’hôpital voisin de Balad. Entre temps, plusieurs étaient morts faute de soins.
Le président américain qui fit passer ce qu’il croit être l’intérêt supérieur de son pays avant tout sentiment humanitaire, ne sort pas grandi de l’affaire. Le petit avocat devenu, par la magie des urnes, l’homme le plus puissant du monde, a délibérément laissé massacrer 3500 personnes pour ne pas compromettre sa stratégie utopique de dialogue avec l’Iran. Il en portera la responsabilité devant l’Histoire.
P.Mousset