Il aura fallu près de huit ans pour que la machination destinée à décapiter la Résistance iranienne échoue définitivement. Tout avait commencé à Téhéran, le 24 avril 2003, lors d’une entrevue entre le ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin et son homologue Kamal Kharazi. Comme l’a raconté, dans son livre « Si vous le répétez, je démentirai… », Jean-Claude Maurice, témoin inopiné de la scène, le ministre français confia à son interlocuteur qui se plaignait de la présence en France du Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI) : « Je peux vous annoncer que Nicolas Sarkozy prépare une opération à ce sujet ».
Deux mois plus tard, le 17 juin 2003, mille trois cents policiers investissaient et saccageaient les locaux du CNRI et les résidences d’opposants iraniens, confisquant argent, ordinateurs, documents et arrêtant 164 personnes dont la plupart furent libérées dès le lendemain. Seules 13 furent maintenues en prison jusqu’au 3 juillet, parmi lesquelles la présidente élue de la Résistance Maryam Radjavi mise en examen avec 16 de ses collaborateurs pour leur prétendue appartenance à une organisation terroriste. Aucun élément concret ne venant à l’appui de cette accusation, les arrêtés d’expulsion ou d’assignation à résidence et les mesures restrictives imposées aux personnes mises en examen, comme l’interdiction de communiquer ou de quitter le territoire français, furent progressivement levées. Au fil du temps, une majorité de députés et de sénateurs français et plus de 5000 maires apportèrent leur soutien à la Résistance et à la cité d’Achraf, mais le dossier du 17 juin restait toujours ouvert malgré les demandes de non-lieu déposées par les avocats de la Résistance, sans rien qui vienne l’alimenter.
C’est seulement le 12 mai dernier, que la section antiterroriste de parquet de Paris prononça un non-lieu dont la teneur, non seulement lave la Résistance iranienne de tout soupçon d’activités terroristes, mais encore lui reconnait le droit de s’opposer au régime tyrannique des mollahs. C’est une immense victoire pour la Résistance et un grand jour pour la justice française qui a su s’affranchir des pressions politiques pour prendre une décision qui la réhabilite.