Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue et militante féministe
Née le 15 novembre 1933 à Veauche, près de Saint-Etienne, dans la plaine du Forez, Françoise Héritier gagne Paris en 1946 et fait ses études aux lycées Racine et Fénelon, puis à la Sorbonne. Elle opte pour l’histoire et la géographie dans l’intention de devenir égyptologue. Sa rencontre avec le célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss, dont elle suit le séminaire à l’Ecole pratique des hautes études, la décide à s’orienter vers l’anthropologie sociale. Durant dix ans, à partir de 1957, elle enchaine une dizaine de missions en Afrique Occidentale. De 1967 à1982, elle travaille au CNRS en qualité d’attachée puis chargée puis maître de recherche.
Décorée de la médaille d’argent du CNRS, au titre des Sciences humaines, elle succède, en 1982, à Claude Lévi-Strauss au Collège de France et à la direction du Laboratoire d’anthropologie sociale où elle enseignera jusqu’en 1998.
Pour Françoise Héritier, les différences physiques des femmes et des hommes pourraient ne pas être une donnée biologique originelle mais une « différence construite » due à une « pression de sélection » imposée par l’homme depuis l’apparition du Neandertal. L’homme, se réservant la viande, le gras a privé la femme enceinte ou allaitante des protéines dont elle avait besoin, ce qui aurait entrainé des transformations physiques. Usant de sa supériorité physique ainsi obtenue, l’homme s’arroge le droit d’utiliser les femmes comme monnaies d’échange
L’anthropologue constate que partout, en tout temps, en tout lieu, le masculin est jugé supérieur au féminin et que, dans l’échelle des valeurs, le bon, le positif est rattaché au masculin, tandis que le mauvais, le négatif l’est au féminin. La militante féministe s’insurge contre cette qualification et rejoint sur ce point les vues de la Résistance iranienne qui considère la femme comme l’égale de l’homme et, dans son organisation, lui confie les plus hautes responsabilités.
Françoise Héritier a préfacé le livre de Maryam Radjavi « Les femmes contre l’intégrisme » avec cette constatation que : « la misogynie et le rejet de l’égalité des sexes au nom de l’islam constituent […] la force motrice de l’intégrisme. »
A l’origine, avec quelques personnes de la chaine culturelle ARTE, Françoise Héritier a été élevée à la dignité de grand-croix de l’ordre national du Mérite.