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Fils d’un diplomate égyptien, Mahmoud Cherif Bassiouni naquit au Caire le 9 décembre 1937. Son grand-père, ancien président du sénat égyptien avait combattu pendant la révolte de son pays contre l’occupation britannique en 1919. Bassiouni fit de solides études de droit et obtint en 1955 un baccalauréat à l’Université du Caire puis, après avoir émigré aux Etats-Unis en 1962, plusieurs diplômes dans de grandes universités. Il étudia aussi le droit à l’Université de Genève, en Suisse et à celle de Bourgogne, en France.
Quand éclata la crise de Suez, en 1956, il quitta la France et rentra chez lui pour lutter contre l’attaque combinée israélienne, britannique et française dans la péninsule du Sinaï. Il fut décoré pour services rendus durant le conflit, mais fut plus tard emprisonné pour avoir dénoncé les disparitions et les meurtres imputables au président Nasser. Son dossier militaire et ses liens familiaux l’ont aidé à ne pas être exécuté pour trahison.
Cherif Bassiouni fut pendant près de 50 ans, de 1964 à 2012, professeur émérite de droit à l’Université De Paul à Chicago, où fut créé, à son instigation, l’Institut international des droits de l’homme. Dans le même esprit, il fonda en 1972 l’Institut international de justice pénale et de droits humains de Syracuse. Il consacra beaucoup d’efforts à la création d’un tribunal mondial pour les crimes internationaux, un lieu ayant compétence sur le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Il obtint un début de satisfaction quand fut créé en 1993 le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Il présida une commission de cinq personnes chargées de recueillir des preuves pour inculper des chefs militaires et politiques tels que Radovan Karadzic. « Je n’étais pas intéressé à aller chercher le petit soldat qui commet le crime individuel » déclara-t-il au Chicago Reader en 1999, « J’allais établir qu’il y avait une politique de nettoyage ethnique, qu’il y avait un viol systématique en tant que politique, qu’il y avait une destruction des biens culturels en tant que politique et que la destruction de Sarajevo était un processus systématique » La commission identifia 151 fosses communes et constata que les forces serbes utilisaient le viol pour terroriser les femmes musulmanes en Bosnie. Il fallut un conteneur pour transporter de Chicago à La Haye le rapport et ses milliers de pages de documents et d’annexes. Cherif Bassiouni faillit être nomme procureur général mais des intrigues de couloir l’en empêchèrent, certains diplomates répugnant à accuse trop vite les dirigeants serbes de crimes de guerre.
Polyglotte, parlant une demi-douzaine de langues, Cherif Bassiouni, souvent désigné par ses pairs comme le parrain du droit international, expert en matière de crimes de guerre, a occupé de nombreux postes à l’ONU et a été consultant pour de nombreux projets auprès du Département d’Etat des Etats-Unis. Il a édité 45 livres et écrit 265 articles sur le droit pénal et 14 monographies sur des sujets tels que l’histoire, la politique et la religion. Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses traductions. Il fut nominé en 1999 pour le prix Nobel de la Paix, mais le jury lui a préféré Médecins sans frontières.
Cherif Bassiouni s’est éteint le 25 septembre 2017. Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne lui a rendu hommage en rappelant qu’en 2003, il avait écrit un avis juridique en défense des droits et des statuts juridiques des résidents d’Achraf. Elle a qualifié sa disparition de « perte tragique non seulement pour le monde de la justice mais aussi pour la communauté des défenseurs des droits humains et pour l’humanité contemporaine. »