Lors de la conférence internationale qui s’est tenue à Genève, le 27 février, le Professeur Jean Ziegler, universitaire suisse de renom et vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l’homme de l’ONU, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer « l’indifférence, l’indolence et l’hypocrisie des Nations-Unies » qui se sont abstenues de condamner les attaques meurtrières de juillet 2009 et d’avril 2011 contre les résidents d’Achraf et du 9 février dernier contre ceux de Liberty.
Evoquant le génocide du Rwanda en 1994, le massacre de Srebrenica l’année suivante et celui de 70 000 personnes en 2009 au Sri Lanka, Jean Ziegler a fustigé l’attitude larmoyante des trois secrétaires généraux de l’ONU, Boutros Ghali, Koffi Annam et Ban Ki-moon qui, après coup, ont fait établir des rapports, ont témoigné de leur honte, de leur émotion, disant « je ne savais pas, je ne pouvais pas, excusez-moi, etc ».
« Et bien, a-t-il ajouté- il ne faudrait pas que les 3 100 résistants iraniens d’Achraf et de Liberty subissent le même sort, et quelques années après leur massacre reçoivent l’hommage d’un secrétaire général et fassent l’objet d’excuses internationales. »
A propos du représentant spécial en Irak du Secrétaire général de l’ONU, Martin Kobler, dont la complicité active avec Maliki crève les yeux, Jean Ziegler en tant que juriste pense qu’il y a suffisamment de preuves contre lui pour le faire inculper de complicité de crimes contre l’humanité. Ses mensonges afin que les résidents quittent Achraf pour Liberty, son aveuglement sur les conditions de vie dans ce camp de prisonniers, et enfin son refus de rencontrer les survivants de l’attaque du 9 février constituent un dossier très lourd qui pourrait être porté devant les tribunaux allemands, experts en la matière, ou devant la justice internationale à La Haye.
Soulignant que les résidents d’Achraf et de Liberty sont des requérants d’asile, Jean Ziegler juge qu’à ce titre ils ont droit à la protection internationale garantie par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations-Unies. Il conseille de contacter chacun des 18 Etats-Membres de son conseil d’administration pour les mettre en face de leurs responsabilités, parce que « s’il y a un mort de plus à Liberty ou à Achraf, ce sont ces Etats, ces gouvernements, ces ambassadeurs qui siègent au conseil d’administration du Haut commissariat qui seront directement responsables, au même titre que le Haut commissaire. »