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Ali Moghadame, alias Hossien Farahi, né à Téhéran en 1953, est une grande figure de la Résistance iranienne qui consacre sa vie à témoigner, par l’image, des conditions de vie difficiles de beaucoup de ses compatriotes sous les deux dictatures du Shah et des mollahs.
Dès son plus jeune âge, passionné de lecture et d’histoires illustrées, doué en outre d’un sens aigu de l’observation, il eut envie de fixer sur la pellicule ce qu’il voyait autour de lui : pauvreté et souffrance, injustice et discrimination, avec l’espoir un peu fou que son témoignage pourrait faire évoluer les choses.
C’est avec une caméra de 8 mm qu’à l’âge de 19 ans il réalisa son premier film : « Nous sommes des fleurs épanouies », l’histoire d’un enfant pauvre, vendeur de chewing-gum. Lorsque ses amis, avec lesquels il menait des activités politiques contre le Shah, furent arrêtés, il partit aux USA et entreprit des études de théâtre et de cinéma.
La montée des révoltes populaires le poussa à rentrer en Iran pour y filmer les manifestations et leur répression par l’armée et la police. Après la fuite du Shah, il réalisa son premier long-métrage : « Je suis un prolétaire » montrant que la révolution anti monarchique n’avait pas amélioré la situation désastreuse du peuple à laquelle l’avait conduit l’ancien régime. Mal lui en prit. Le bureau de censure de la télévision iranienne commença par couper les dix dernières minutes du film relatives à la période post révolutionnaire, puis en interdit la diffusion.
Son deuxième film, axé sur la mort de deux mineurs, subit également la censure. Elle exigea un avertissement préalable précisant que l’histoire concernait l’ancien régime, pas le nouveau.
Un troisième film, inspiré des vers du poète populaire Khorso Gholessorkhi, exécuté à l’époque du Shah, fut stoppé en plein tournage par l’arrestation des deux principaux acteurs : un frère et un ami du réalisateur qui, après plusieurs années passées en prison, furent à leur tour exécutés. Arrêté peu après, avec confiscation de l’ensemble des originaux et des copies de ses films, il réussit à s’évader avec l’aide de quelques amis et vécut dans la clandestinité.
Il se réfugia au Kurdistan iranien fin 1982 et réalisa, en trois ans, trois films montrant la souffrance des Kurde opprimés par le pouvoir iranien et le combat de leur résistance contre la dictature.
Pourchassé par le pouvoir, il fut alors contraint de se réfugier en Europe. Les sbires de Khomeini se vengèrent sur sa famille, assassinant ses trois frères : Asghar, Ahmad et Mohammad, l’ainé, qui avait été l’un des plus célèbres prisonniers politiques sous l’ancien régime. Le plus jeune n’avait que 16 ans. Une de ses sœurs, emprisonnée durant sept ans, survivra en dépit des tortures subies et publiera ses souvenirs de prison. Ses autres parents ne furent pas épargnés. Son père, âgé aujourd’hui de plus de 80 ans, fut arrêté et placé en résidence surveillée. Sa sœur aînée, alors enceinte, resta plus d’un an en prison.
Réfugié en France, Ali Moghadame consacre toute son énergie à dénoncer les crimes de l’oligarchie religieuse qui sévit dans son pays. En étroite collaboration avec la télévision de la Résistance iranienne, il a réalisé plus de 150 films et émissions sur la situation des femmes, des enfants, des prisonniers politiques en Iran, et d’une manière plus générale, sur toutes les violations des droits de l’homme dans ce pays.
On peut le voir, dans toutes les manifestations de la Résistance, en réaliser consciencieusement le reportage, seul ou à la tête d’une équipe d’opérateurs. Puisse le retour de l’Iran à la démocratie lui permettre enfin de traiter en toute liberté pour le grand écran, tous les sujets qui lui tiennent à cœur.