Origines
A son extrémité nord-ouest, l’Iran possède une frontière commune avec l’Arménie. La présence d’Arméniens dans cette région de l’Iran est continue depuis deux millénaires. Mais l’existence d’une forte communauté arménienne en Iran est surtout due à des déplacements de population qui ont eu lieu à partir du XVIème siècle. Le souverain safavide Chah Abbas, après la mise à sac de la ville arménienne de Djolfa, déporta ses habitants à Ispahan où ils furent regroupés dans un nouveau quartier baptisé Nor Djolfa.
D’autres transferts amenèrent à Téhéran des Arméniens qui se spécialisèrent dans le travail des métaux et des peaux. D’importants mouvements migratoires se produisirent au XIXème et au début du XXème siècle. Des Arméniens partirent en Russie, d’autres arrivèrent d’Arménie après sa soviétisation, d’autres encore de Turquie pour échapper au génocide qui frappa leur communauté.
Avant la révolution islamique, le nombre d’Arméniens en Iran était estimé à environ 300 000. Après 1979, beaucoup ont émigré vers l’Europe et les Etats-Unis. Ils seraient aujourd’hui 150 000, dont 100 000 à Téhéran et 10 000 à Ispahan.
Un statut particulier
Les Arméniens disposent de deux sièges au parlement iranien conformément aux droits des minorités précisées par un texte de 1984. Chrétiens pour la plupart, ils peuvent, en tant qu’adeptes d’une des trois religions du Livre, pratiquer librement la leur. Leur état-civil est géré par l’Eglise. Ils bénéficient de la part du régime de certaines tolérances comme celle de se réunir dans des lieux qui leur sont réservés et de s’y affranchir des contraintes imposées aux musulmans. Les femmes peuvent y côtoyer les hommes et ne sont pas tenues au port du voile. La fabrication et la consommation d’alcool sont tolérées à condition de ne pas en fournir aux musulmans.
Ils ont pu conserver leur journal : Alik, écrit en arménien et leurs associations mais ne disposent pas des mêmes droits que les musulmans en matière notamment de prestations sociales et la justice est beaucoup plus sévère à leur égard.
La fonction publique et le secteur de l’éducation leur sont interdits. Dans leurs écoles, des proviseurs, directeurs, enseignants et surveillants musulmans ont été nommés. Un test de religion, à fort coefficient, rend plus difficile aux étudiants arméniens l’accès aux universités.
Les ensembles monastiques arméniens de l’Iran
Trois ensembles monastiques historiques de la foi chrétienne arménienne : Saint Thaddeus, le plus ancien, construit au VIIème siècle, Saint Stepanos et la chapelle Sainte Marie de Dzordzor figurent depuis juillet 2008 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces lieux chargés d’histoire ont été endommagés et restaurés à maintes reprises au cours des siècles en raison des conflits locaux, des invasions et des tremblements de terre. Ils sont aujourd’hui les seuls vestiges importants de la culture arménienne dans la région.