On estime leur nombre à 70 000. Ce ne sont pas des contrebandiers car ils ne travaillent pas pour leur compte et ne font pas de commerce avec ce qu’ils transportent. Pour un salaire de misère, ces « hommes-mulets » au service des trafiquants portent sur leur dos d’énormes charges à travers la frontière ouest du pays. Le métier n’est pas sans risques. Ils se font tirer dessus par les gardes-frontière et les agents de sécurité, comme ce garçon de 17 ans, Vahid Dolatkhah, abattu le 17 août dernier.
En plus de la menace des autorités frontalières, les porteurs sont exposés à de grands risques naturels. Ils doivent traverser un terrain très imprévisible et dangereux, surtout en cas de mauvais temps. Dans les zones où ils travaillent, les porteurs risquent de marcher dans les champs de mines, vestiges de la guerre Iran-Irak dans les années 80. Les hommes-mulets sont des personnes dans l’indigence, parfois très instruits, qui ne voient pas d'autre issue à la pauvreté extrême. Malgré les salaires dérisoires, ils deviennent porteurs pour faire vivre leurs familles. Ils n’ont parfois pas plus de 13 ans, mais peuvent être très vieux. Beaucoup viennent des provinces du Kurdistan et de l'Azerbaïdjan de l'Ouest, d’autres des communautés kurdes. L'année dernière, il y a eu au moins 64 décès. 42 étaient provoqués par les gardes-frontières iraniens et 22 étaient dus aux conditions météorologiques ou à l’état du terrain (chute, hypothermie, etc.).