Fils de Karbala’i Qorban, chef cuisinier au service du chancelier Gha’em-Magham Farahani, Amir Kabir naquit en 1807 à Hazaveh près d’Arak, dans la province de Markazi. Lorsque Mirza Bozorg fut appelé à Tabriz auprès du prince héritier Abbas Mirza, le père d’Amir Kabir le suivit, emmenant son fils avec lui. Celui-ci aida son père dans les travaux domestiques. Ses facultés intellectuelles attirèrent l’attention de Mirza Bozorg qui le fit étudier avec son propre fils, puis le rétribua, encore adolescent, pour s’occuper de ses écuries, tâche dont il s’acquitta au mieux.
Quand Mirza Bozorg mourut en 1822, son fils Mirza Abu’l-Qa’em-maqam lui succéda auprès du prince héritier. Sous son égide, Amir Kabir fut chargé de superviser les finances et l’organisation de l’armée d’Azerbaïdjan, avec le titre de vazir-e nezam que lui décerna Fath Ali Shah.
Durant cette période, Amir Kabir mena différentes missions à l’étranger. Il passa quatre ans à Erzurum en Turquie, participant aux travaux de la commission chargée de régler un délicat problème de frontière entre l’Empire ottoman et la Perse afin de mettre fin à des centaines d’années de guerre entre les deux puissances.
L’arrivée sur le trône de Nasseredin Shah qui le nomma chancelier et lui donna sa sœur en mariage allait permettre à Amir Kabir d’exprimer tout son talent de gestionnaire et d’administrateur.
Il réorganisa l’armée et réprima durement la rébellion de Hasan Khan Salar qu’il fit exécuter avec l’un de ses fils et l’un de ses frères. Il mit fin au culte du babisme en faisant fusiller le « Bab » (Sayyid ʿAlī Muḥammad Šīrāzī), créateur d’une nouvelle religion.
Il réforma l’administration et pour résorber un déficit estimé à un million de tomans réduisit de manière drastique salaires et pensions. Il fit collecter les taxes non payées et encouragea les développements agricoles et industriels, sources de revenus pour la nation. Il montra beaucoup d’intérêt pour la région du Khuzestân, région stratégique en raison de sa situation sur le Golfe Persique, y introduisit la plantation de la canne à sucre, fit construire la digue Nasari sur la rivière Karkheh et un pont à Shushtar.
Amir Kasir réduisit la puissance du clergé et s’opposa aux ingérences étrangères dans les affaires internes de la Perse. Il fonda Dar-ol Fonoun, la première université inspirée d’un modèle européen et soutint la création du premier journal iranien « Les Evènements ».
La famille royale, menée par la mère du Shah, Mahd Olia ne pardonna pas à Amir Kabir d’avoir réduit ses revenus et conspira contre lui, persuadant le Shah de le démettre de ses fonctions et de l’envoyer en exil à Kashan. Un jour, profitant de l’ivresse du souverain, elle lui extorqua l’ordre d’exécuter Amir Kasir, ce qui fut fait immédiatement dans les bains du jardin de Fin. Le condamné accepta sans résistance l’ordre impérial demandant simplement de pouvoir choisir la manière dont il serait mis à mort. On lui trancha les veines.