Fils d’un haut fonctionnaire et d’une princesse kadjar, le docteur Mossadegh est né à Téhéran en 1882. Etudiant en France, à l’Ecole libre des sciences politiques puis en Suisse à l’Université de Neufchâtel, il revient en Iran avec le titre de docteur en droit et entame une première carrière politique qui le voit successivement secrétaire d’état aux finances puis ministre de la justice, des finances et des affaires étrangères. Elu député en 1923,il s’oppose à la prise du pouvoir par Reza Khan, qui fonde la dynastie des Pahlavi.
Commence alors pour lui une longue traversée du désert jusqu’en 1942, où, après l’avènement de Reza Chah Palhavi, il retourne à la vie politique et siége de nouveau au parlement iranien sur les bancs des nationalistes, créant en 1949 le Parti du Front National. C’est pour lui le début d’une seconde carrière avec pour principal objectif la fin du pillage par la Grande Bretagne des ressources pétrolifères de son pays. En effet, l’Anglo-Iranian-Oil- Company bénéficie depuis 1909 de la concession exclusive d’exploitation des gisements de pétrole iraniens et l’Iran n’est alors intéressé aux découvertes qu’à hauteur de 30%. Bénéficiant d’un large soutien populaire, Mossadegh est élu Président du conseil le 22 avril 1951 et met en application la loi de nationalisation qui vient d’être votée. Il lui faut maintenant faire face à l’hostilité de la Grande Bretagne, bientôt soutenue par les Etats Unis et à la coalition regroupant le palais du Chah, les ayatollahs réactionnaires et le parti Toudeh pro-soviétique. Le 15 août 1953, sous l’instigation des services britanniques et américains, deux décrets royaux sont signés, l’un démettant Mossadegh, l’autre le remplaçant par le général Zahedi, mais ce coup de force échoue et le Chah doit fuir à l’étranger. Ce n’est que partie remise : le 18 août un coup d’état militaire renverse Mossadegh qui sera condamné à mort mais verra sa peine commuée en 3 ans de prison. Après le retour du Chah, les affaires reprennent et un consortium anglo-américain remet en service les installations d’Abadan. Mossadegh vivra, sous l’étroite surveillance de la SAVAK (police secrète du Chah) jusqu’en 1967.
Chronologie de la crise
15-03-51 : adoption par le parlement de la loi de nationalisation du pétrole
12-04-51 : grèves et émeutes à la raffinerie d’Abadan exploitée par les britanniques
28-04-51 : Mossadegh élu Président du Conseil
02-05-51 : publication de la loi de nationalisation
20-06-51 : fin de la conférence anglo-iranienne qui se solde par un échec
20-06-51 : saisie des installations d’Abadan par les autorités iraniennes
05-07-51 : Mossadegh refuse la décision du tribunal de La Haye favorable aux britanniques
01-08-51 : la Grande Bretagne accepte la nationalisation
03-10-51 : les derniers britanniques quittent Abadan
22-07-52 : le tribunal de La Haye se déclare incompétent
31-07-52 : Mossadegh restreint les pouvoirs du Chah
16-10-52 : rupture des relations diplomatiques entre la Grande Bretagne et l’Iran
28-02-53 : début du conflit entre Mossadegh et le Chah
11-05-53 : le parlement exproprie le Chah
16-08-53 : fuite du Chah à Bagdad puis à Rome
19-08-53 : coup d’état militaire qui rétablit le Chah
08-11-53 : condamnation à mort de Mossadegh (peine commuée en 3 ans de prison)
02-12-53 : Rétablissement des relations diplomatiques avec la Grande Bretagne
31-08-54 : remise en route des installations d’Abadan par un groupe anglo-américain