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Manipulations préélectorales
Le 28 février 2016, les Iraniens ont été appelés aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement et à l’Assemblée des experts. Les autorités annoncent un taux de participation de 60% qu’aucun observateur étranger n’a été en mesure de confirmer.
Le Parlement légifère mais ses décisions sont soumises à l’accord du Guide suprême, l’ayatollah Khamenei. L’Assemblée des experts est un organe de 88 clercs, élus pour huit ans, chargés de nommer et éventuellement de démettre le Guide suprême. Durant son dernier mandat, elle n’a siégé que deux fois.
Pour écarter toute possibilité d’opposition au régime en place, le Guide et les autorités judiciaires ont chargé le Conseil des gardiens de la Révolution - un groupe de douze clercs nommés par eux- de valider les candidatures à l’Assemblée. Sur 800 candidats seuls 161 ont été autorisés à se présenter. Ils sont, pour la plupart, conservateurs et en parfait accord avec le Guide ! Aucune femme n’a été autorisée à se présenter pour cette Assemblée.
Les candidats aux législatives ont aussi été filtrés avant le vote. Sur 12 000 postulants, seuls 6200 ont été autorisés à concourir. Les courants soit disant « réformistes » écartés du champ politique après la répression qui a suivi la réélection d’Ahmadinejad en 2009, ont vu la plupart de leurs candidats invalidés. Ne restent plus en lice qu’ultra conservateurs et conservateurs plus tièdes que les lobbies du régime appellent complaisamment des « modérés », à l’instar d’Hassan Rohani.
Résultats
Une chose est sure : aucun des candidats de la liste ultraconservatrice ne figure parmi les trente élus de Téhéran au Parlement. Leur chef de file, Gholam Ali Haddad-Adel n’est que trente et unième. Deux ayatollahs proches du Guide suprême ont été battus à l’Assemblée des experts, un troisième n’a été élu que de justesse, en dernière position. Ceci montre l’impopularité des détenteurs du pouvoir en Iran. Cette situation va encore attiser les guerres de clans au sommet du régime et contribuera à l’affaiblir.
Mais au final, sur les 290 sièges ne seront présents que des individus qui auront été autorisés à participer à la course parce qu’estimés fidèles au principe du Guide suprême. La différence entre « modéré », « réformateur » ou « conservateur » n’est que dérisoire c’est la raison pour laquelle de nombreuses personnes figuraient sur plusieurs listes ! Un second tour devra être organisé en avril pour pourvoir 69 sièges non attribués au premier tour. Au Parlement figurent seulement 14 femmes contre neuf auparavant. Ces femmes sous la domination des mollahs auront peu de marge de manœuvre. L’une d’elles, Parvaneh Salahshouri, qui a cru bon de déclarer dans une interview à un média étranger que les femmes devraient avoir le droit de choisir de porter ou non le voile s’est fait rappeler à l’ordre et a dû immédiatement rectifier ses propos intolérables aux yeux de cette théocratie misogyne.