Pour succéder à Mahmoud Ahmadinejad dont les provocations et les excès de langage ont fortement contribué à isoler l’Iran sur le scène internationale, le Guide suprême Ali Khameneï a choisi de faire élire à la présidence un prétendu modéré en la personne de Hassan Rohani, fidèle serviteur du régime, plutôt que l’ancien président Rafsandjani qu’il n’autorisa pas à se présenter.
Comme ils l’avaient fait à l’époque de Mohammad Khatami qui fut président de 1997 à 2005, les Occidentaux se sont félicités de cette nomination et ont caressé l’espoir de pouvoir reprendre un dialogue constructif autour de l’épineux dossier du nucléaire iranien. C’était oublier un peu vite que Rohani fut, de 2003 à 2005 le négociateur nucléaire en chef et qu’il s’est vanté d’avoir dupé la troïka européenne comme l’a rappelé le Sunday Telegraph dans son numéro du 5 mars 2006.
La carrière de Rohani montre sa totale allégeance au Guide suprême qui seul détient les leviers du pouvoir. Il fut et membre du Conseil suprême de la défense du régime (1982 - 1988), commandant en chef adjoint des forces armées du régime (1987 - 1988), conseiller à la sécurité nationale du Président pendant treize ans (de 1989 à 1997 et de 2000 à 2005) et, durant seize ans à partir de 1989, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran, la plus haute instance responsable de toutes les questions liées à la politique étrangère et à la sécurité nationale.
Au cours de son mandat au Conseil suprême de sécurité nationale, Rohani a adopté des positions dures vis-à-vis de l'opposition et de la dissidence. Il a mené la répression du soulèvement étudiant en 1999. Le 14 juillet 1999, alors que la révolte étudiante grandissait, il a déclaré lors d'un rassemblement du régime : « Hier, à la tombée de la nuit, nous avons reçu l’ordre révolutionnaire ferme d’écraser de manière impitoyable et colossale tout mouvement de ces éléments opportunistes où que ce soit. » Selon le Wall Street Journal du 17 juin 2013, « plus d'une dizaine d'étudiants ont été tués dans ces manifestations, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées, des centaines torturées et 70 ont simplement "disparu" ».
Depuis l’élection de ce prétendu modéré, les exécutions se sont multipliées en Iran. A la date du 8 juillet, on en comptait 61 dont celles de six femmes et d’un jeune de 15 ans au moment de son arrestation.