Les grandes nations qui disposent de l’arme atomique soupçonnent l’Iran de vouloir l’acquérir et s’en inquiètent. Les dirigeants iraniens affirment que leurs travaux visent exclusivement l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité, mais bien des indices laissent penser que leur véritable objectif est la réalisation de la bombe.
Un programme peut en cacher un autre
Le pays dispose de scientifiques et de techniciens de haut niveau qui, avec l’aide prépondérante de la Russie viennent de construire et de mettre en service le 21 août une centrale nucléaire à Bouchehr. Cette réalisation est l’aboutissement d’un programme lancé à l’initiative du Chah puis gelé durant la guerre avec l’Irak et repris secrètement par la suite. Aux dires d’un expert de l’Institut russe du Moyen-Orient, même si tout l’uranium du sous-sol iranien était utilisé, le combustible obtenu serait à peine suffisant pour 10 années de fonctionnement du réacteur de Bouchehr. Dans ces conditions, on voit mal l’intérêt pour l’Iran de se lancer dans le nucléaire civil d’autant que le pays dispose d’énormes ressources pétrolières et se situe dans une zone où le risque sismique est particulièrement élevé. Une centrale nucléaire pourrait-elle résister à un violent tremblement de terre comme celui qui détruisit Bam, il y a quelques années ? Tout laisse penser que le nucléaire civil n’est qu’un leurre, un écran de fumée destiné à masquer les véritables intentions du régime des mollahs en quête de l’arme atomique
Les révélations de la Résistance iranienne
Jusqu’en 2002, l’Iran réussit à garder secrètes ses recherches dans le domaine de la physique nucléaire. Celles-ci furent portées à la connaissance de la communauté internationale par la Résistance iranienne qui révéla l’existence d’une énorme usine d’enrichissement d’uranium à Natanz et d’une usine de production d’eau lourde sur le site d’Arak. Ce fut le début d’une partie de cache-cache et d’une course poursuite entre Téhéran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), dont les inspecteurs, comme les carabiniers de la chanson ont toujours un temps de retard : la Résistance iranienne dénonçant à 80 reprises l’existence de nouveaux sites qu’on leur avait cachés et qui, vraisemblablement, avaient une connotation militaire.
Les atermoiements de la communauté internationale
Le régime iranien est passé maître dans l’art de gagner du temps. Il poursuit depuis des années d’interminables discussions avec les pays occidentaux embourbés dans une politique de complaisance inefficace, maniant tour à tour la carotte et le bâton, proposant tout un lot de mesures incitatives, se décidant enfin à prendre des sanctions mais ne fermant jamais la porte aux discussions ce qui permet au régime d’obtenir continuellement de nouveaux délais qu’il met à profit pour accroître son potentiel d’enrichissement d’uranium. Il multiplie le nombre de ses centrifugeuses et avance à grands pas en direction de la bombe.
Une inquiétude grandissante
Pour mieux comprendre l’inquiétude de la communauté internationale, il est bon de se remémorer l’histoire de la bombe atomique, son utilisation durant la seconde guerre mondiale, les dégâts qu’elle a causés et ce qui arriverait en cas de guerre nucléaire avec des engins qui ont atteint une puissance destructrice colossale.
Le projet Manhattan
C’est en 1942, à la suite de l’attaque japonaise contre Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, que les Américains ont tourné leurs recherches vers une nouvelle sorte d’arme. Dans une lettre au président Roosevelt, Albert Einstein lui apprit la possibilité d’utiliser la fission nucléaire pour réaliser une bombe ultra puissante et lui dit qu’il soupçonnait l’Allemagne nazie de chercher à s’en doter. Le président décida alors le lancement du projet Manhattan auquel furent consacrés deux milliards de dollars. Il s’agissait de vérifier s’il était possible de créer une réaction en chaine puis d’établir les plans pour la création de la bombe.
Un peu de science
Dans sa théorie de la relativité, Einstein a montré que l’énergie totale pouvant être dégagée par une quantité de matière quelconque était égale au produit de sa masse par le carré de la vitesse de la lumière : E=m.C2. Encore faut-il savoir réaliser cette transformation de la matière en énergie. C’est là qu’interviennent les matériaux radioactifs comme l’uranium et le plutonium qui, en se désintégrant, libèrent de l’énergie. La somme des masses des produits de la désintégration est inférieure à la masse initiale. La différence est transformée en énergie.
L’explosion d’une bombe atomique est due à la fission nucléaire qui se produit quand un neutron entre en collision avec le noyau d’un atome d’Uranium 235 ou de plutonium 290. Le noyau ainsi percuté libère deux neutrons qui vont, à leur tour, frapper d’autres noyaux. C’est ainsi que s’amorce une réaction en chaîne libérant cent millions de fois plus d’énergie qu’une molécule de carburant en moins d’un centième de seconde.
Les trois premières bombes
Au milieu de l’année 1945, les Etats-Unis disposaient de trois bombes atomiques :
-« Trinity » fut testée à Alamogordo dans le désert du Nouveau-Mexique.
-« Little Boy » fut larguée le 6 août 1945 à 8h15 sur Hiroshima. D’une puissance équivalente à 12 500 tonnes de TNT, elle détruisit 60 000 édifices, tua 60 000 personnes et en blessa autant.
-« Fat Man » fut larguée 3 jours plus tard, à 11h 02 sur Nagasaki. D’une puissance équivalente à 20 000 tonnes de TNT, elle fit moins de victimes : 20 000 morts et 50 000 blessés grâce aux collines entourant la ville qui atténuèrent le souffle de l’explosion.
Les effets destructeurs de la bombe
Réglées pour exploser à environ 500 m d’altitude afin d’étendre leur champ d’action, les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki eurent trois effets dévastateurs :
-libération dans le premier millième de seconde d’énergie thermique sous forme d’une boule de feu d’un km de diamètre et de plusieurs millions de degrés, induisant une température au sol de plusieurs milliers de degrés,
-production d’une onde de choc à 1000 km/h réduisant tout en poussière sur un rayon de 2 km,
-persistance d’une forte radioactivité qui fit durant des années des dizaines de milliers de victimes.
L’escalade
Les bombes qui amenèrent la capitulation du Japon furent les dernières utilisées dans un conflit armé. Mais l’histoire de la bombe atomique ne s’arrête pas là, car toutes les grandes nations en possèdent désormais. L’URSS fit exploser sa première bombe A dès le 29 août 1949. Le Royaume Uni l’imita en 1957, suivi par la France en 1960. Ce fut ensuite le tour de l’Inde, du Pakistan, d’Israël, de la Corée du Nord…
En 1952, les Etats Unis expérimentèrent sur l’atoll d’Eniwetok dans le pacifique une bombe d’un nouveau type, la bombe H thermonucléaire, 1000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Il ne resta plus rien de l’ilot après l’explosion. L’URSS les imita moins d’un an plus tard le 12 août 1953. Le 24 août 1968, ce fut le tour de la France. Sa bombe H 170 fois plus puissante que la bombe A d’Hiroshima explosa à 600 m de hauteur au dessus de l’atoll de Fangataufa dans le Pacifique.
Pourquoi pas l’Iran ?
D’abord parce que l’Iran a signé, en 1968, le traité de non prolifération, contrairement à Israël et à la Corée du Nord ; ensuite et surtout parce qu’une arme aussi destructrice aux mains d’une dictature religieuse qui n’a aucun respect pour la vie humaine et le montre chaque jour, constitue un réel danger pour la planète. On frémit à la pensée de ce qui se serait produit si Hitler avait disposé d’une telle arme. L’équilibre de la terreur ne se conçoit qu’avec des protagonistes qui ont les mêmes valeurs, les mêmes modes de raisonnement, qui vivent dans leur siècle, qui ne se prennent pas pour le bras armé de Dieu. En outre, même si les mollahs n’avaient nullement l’intention de s’en servir, la bombe atomique constituerait sans aucun doute pour eux un moyen de chantage très fort leur permettant d’étendre leur hégémonie sur tout le Proche-Orient
Conséquences prévisibles d’un conflit nucléaire
S’il se trouvait sur terre quelqu’un d’assez fou, d’assez illuminé pour déclencher le feu nucléaire, quelqu’un n’ayant plus rien à perdre que la vie dont il ne se soucierait pas, la cascade d’explosions qui en résulteraient provoquerait dans la stratosphère la formation d’une couche opaque qui, absorbant la lumière du soleil, entraînerait un hiver nucléaire avec un assombrissement et une forte baisse de température. La combinaison de l’obscurité et du froid provoquerait d’énormes dommages à la vie végétale dans les régions touchées, avec rupture des chaines alimentaires (raréfaction des plantes, puis des herbivores, puis des carnivores faute de nourriture). La famine s’installerait aggravée par la destruction des moyens de transport. Les oxydes d’azote générés par les explosions et injectés dans la stratosphère dégraderaient la couche d’ozone. La forte élévation en rayonnements U.V qui en résulterait aurait un effet délétère sur la vie végétale et animale. Cet effet serait encore plus persistant que ceux d’un hiver nucléaire car il faudrait attendre la restauration de la couche d’ozone. Enfin, la radioactivité résiduelle serait meurtrière pour les êtres vivants rescapés des explosions.
Conclusion
La communauté internationale a raison de se monter prudente et de veiller à ce que les activités de l’Iran dans le domaine nucléaire ne débouchent pas sur des applications militaires.