Revendiquant l’égalité avec les hommes, les femmes sont présentes à tous les échelons dans l’organisation de la Résistance iranienne présidée par l’une d’elles, Maryam Radjavi. Il y a plus d’un siècle, à l’époque de la Révolution constitutionnelle, beaucoup de femmes iraniennes se sont illustrées par leur courage et leur esprit d’initiative dans leur lutte pour la liberté et la reconnaissance de leurs droits.
La première rébellion eut lieu en 1895 quand le monarque Qadjar Nasser-o-Dine Shah céda les droits exclusifs de la production et de la vente du tabac à une firme britannique. La population boycotta la consommation du tabac forçant le roi à annuler l’accord. Les Iraniennes furent en première ligne de cette résistance et quand, au cours d’un rassemblement près d’une mosquée, un imam du vendredi appela les manifestants à se disperser, les femmes en colère chargèrent et le forcèrent à prendre la fuite. A Tabriz, capitale de la province de l’Azerbaïdjan de l’est, c’est une femme, Zeinab Pacha qui dirigeait l’opposition populaire à l’accord. Elle avait sous ses ordres sept groupes de femmes armées qui dirigeaient eux-mêmes d’autres groupes de femmes. Quand les forces gouvernementales forcèrent les marchands du bazar à ouvrir leurs boutiques, un groupe de femmes armées revêtues de tchadors les refermèrent.
Le 29 novembre 1911, quand la Russie tsariste, avec l’aval du gouvernement britannique, menaça d’occuper la capitale si Shuster, conseiller financier du gouvernement n’était pas expulsé dans les quarante-huit heures, une vague de protestations éclata dans tout le pays. 50 000 personnes manifestèrent à Téhéran et décrétèrent la grève générale. Shuster écrivit que 300 femmes entrèrent dans le parlement, les armes à la main exigeant d’être reçues par le président. Montrant leurs armes et écartant leurs voiles elles dirent leur décision de tuer leurs maris et leurs fils et de laisser derrière leurs propres cadavres si les députés hésitaient dans leur devoir de soutenir la liberté et la dignité du peuple et de la nation perse.
Les femmes iraniennes s’illustrèrent durant le siège de Tabriz, place forte de l’opposition au roi Qadjar Mohammad Ali-Shah après qu’il ait fait bombarder le parlement. Elles s’occupèrent de la logistique, collectèrent des fonds, ravitaillèrent les bunkers, soignèrent les blessés…Un historien vivant alors à Tabriz a rapporté qu’un bunker était dirigé par des femmes en tchador et qu’il a vu la photographie de 60 femmes combattantes. A la fin d’une bataille, on a ramassé les corps de 20 femmes portant des vêtements masculins.
A cette époque, les femmes prirent l’initiative de créer des hôpitaux pour femmes et des écoles de filles : une cinquantaine à Téhéran. Des femmes journalistes ont rejoint la presse et publié des quotidiens féminins indépendants. Pour le seul Téhéran, douze associations de femmes étaient engagées dans diverses activités politiques et sociales
Tous ces progrès seront anéantis en 1979 avec l’arrivée au pouvoir d’une dictature religieuse misogyne et rétrograde.