La province iranienne du Luristan est célèbre pour ses bronzez mis au jour au cours des fouilles archéologiques de sépultures datant, pour les plus anciennes, du IIIème millénaire avant JC. Longtemps ignorées, ces richesses furent révélées au monde dans les années 60. Une exposition rassembla durant quelques mois 230 pièces au musée Cernuschi, musée des Arts de l’Asie de la ville de Paris.
Une région de haute montagne
Située à la frontière de l’Irak, dans l’ouest de l’Iran, au milieu des monts Zagros et au sud-ouest d’Ispahan, le Luristan, l’une des trente provinces de l’Iran, s’étend sur 600 km et couvre une superficie de 28 392 km2. C’est une région montagneuse, au climat continental, dont la chaine centrale culmine à 4 050 m à l’Oshtoran Kouh. La zone la plus basse, au sud de la province, est située à environ 500 m d’altitude. Sa population, en 1996, était estimée à 1,6 million de personnes. Dans sa capitale, Khorramabad, se trouve le célèbre château Falak-ol-Aflak.
Un riche passé historique
Le Luristan est l’une des plus vieilles régions d’Iran. On pense que dès le 4ème millénaire avant JC, des tribus émigrantes se sont fixées dans les montagnes du Zagros. Les Kassites, un peuple antique qui n’était ni Indo-européen ni Sémite était originaire de la région. Certains chercheurs datent du premier millénaire avant JC le peuplement de la région par des Iraniens, les Lors, venus de l’est de la Mer Caspienne.
Au nord, le petit Luristan maintint son indépendance sous une succession de princes de la Dynastie Khorshidi, les Atabegs, de 55 après JC jusqu’au XVIIème siècle sous le règne de Shah Abbas. Au sud, le grand Luristan forma un état indépendant de 1160 à 1424. Sa capitale Idaj survit à l’état de ruines à Malamir, à 90 km au sud-est de Shushtar, au Khouzestan.
Avant le XXème siècle, les Lors étaient en majorité des éleveurs nomades avec une minorité urbaine résidant dans la ville de Khorramabad. Au milieu des années 80, des incitations économiques amenèrent la majorité des Lors à se sédentariser dans des villes ou des villages de la province, tandis d’autres émigraient vers des centres urbains majeurs. Il reste encore dans la province quelques tribus nomades (Lettre persane N°36 : Les tribus nomades d’Iran).
Origines des bronzes
Il n’existe aucun texte qui permette de répondre à la question. Il faut donc se référer aux découvertes archéologiques faites dans des tombes. Celles du milieu du troisième millénaire av JC sont collectives et gigantesques. Lors des réouvertures et inhumations successives, les restes des défunts et les objets étaient simplement repoussées plus loin. Vers la fin du millénaire apparaissent des sépultures individuelles comme les 63 tombes de la nécropole de Mir Khair. Des lames de hache datant de cette époque sont visibles au Musée du Louvre.
C’est à l’âge du fer (1300-650 avant JC) que la production de bronzes connut son plein développement.
Technique de fabrication des bronzes
Plus malléable mais aussi plus rigide que le cuivre, le bronze, alliage de cuivre et d’étain se prête particulièrement bien à la fabrication de pièces de fonderie. Les bronzes du Luristan contiennent 6 à 10% d’étain. Pour cet alliage, la température idéale de fusion est de 1 100°C.
La technique de la cire perdue consiste à fabriquer un modèle en cire puis à l’enfermer dans un moule composé de deux châssis superposés emplis de terre argileuse. Dans le moule supérieur on aménage un trou de coulée et des évents pour l’évacuation des gaz, dans le moule inférieur des orifices pour l’évacuation de la cire fondue et l’on passe le tout à l’étuve. La cire fond et s’élimine. Il ne reste plus qu’à remplir la cavité ainsi formée, par le bronze en fusion.
A suivre