En vain pour s’en distraire le capitaine
pend à sa grand’ vergue le nègre le plus
braillard ou le jette à la mer, ou le livre
à l’appétit de ses molosses .
La négraille aux senteurs d’oignon frit
retrouve dans son sang répandu le goût
amer de la liberté
Ainsi s’exprime dans son recueil : « Cahier d’un Retour au Pays natal », préfacé par André Breton (1947) l’un des derniers grands poètes français, le Martiniquais Aimé Césaire né le 25 juin 1913 à Basse-Pointe, dans une famille de sept enfants. Une bourse lui permet de poursuivre ses études à Paris, au lycée Louis le Grand où il rencontre Léopold Sedar Senghor avec qui il crée la revue : L’Etudiant Noir. Chantre de la négritude, il mène en parallèle à ses activités littéraires une brillante carrière politique. Elu député de la Martinique aux deux Assemblées nationales constituantes en 1945, puis à l’Assemblée nationale en 1946, il fonde en 1959 le parti progressiste martiniquais. De nombreuses fois réélu député, maire de Fort-de-France durant près d’un demi siècle, il est aujourd’hui retiré de la vie politique mais reste une figure incontournable de l’histoire martiniquaise.
Auteur de poèmes, de pièces de théâtre, d’essais, Aimé Césaire reçut le 8 octobre 97 à l’UNESCO un hommage solennel au « brasseur de souffrance, éveilleur de conscience, poète de l’universelle fraternité », en présence d’écrivains, d’hommes politiques, d’artistes, de chercheurs, de savants.
L’humaniste qui écrivit : « Il n’y a pas dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié», accueillit chaleureusement il y a quelques mois une délégation du CNRI venue l’entretenir de la situation désastreuse des droits de l’homme en Iran et des pressions exercées par les occidentaux sur la Résistance iranienne.
A la suite de cette visite, une délégation du parti progressiste martiniquais participa au grand rassemblement de Villepinte où son secrétaire général Didier Laguerre a notamment déclaré : « Toute tyrannie, d’où qu’elle soit, quels que soient ceux qui l’exercent est inadmissible. Personne n’a le droit d’enfermer, d’emprisonner au nom de ses idées. C’est au nom de ce principe que le parti martiniquais, le parti d’Aimé Césaire vous assure de sa solidarité, de son soutien dans votre combat. Vous vous battez pour une cause noble et pour une cause juste. Nous sommes certains que cette cause bientôt triomphera et que l’Iran retrouvera la liberté, la démocratie et la paix. »