L’Iran est un pays qui se caractérise par la présence de nombreuses tribus nomades issues de groupes ethniques partiellement sédentarisés. Vivant au rythme des saisons, elles pratiquent la transhumance et installent leurs campements à une altitude plus ou moins haute selon les périodes de l’année. A la belle saison, elles quittent la plaine où elles ont passé l’hiver pour trouver, en altitude, fraîcheur et pâturages où faire paître leurs troupeaux. Elles jouent un rôle important dans l’économie du pays, assurant près du tiers de la production nationale de petit bétail.
Origines
L’Histoire signale que dès le septième siècle, dans le Fars, les nomades ont aidé les rois sassanides à repousser l’armée arabe. Par la suite, les nomades ont toujours fourni à l’armée une force considérable. A partir du 10ème siècle, les nomades des steppes froides, turcs puis mongols et turkmènes arrivèrent en masse en Iran, trouvant sur le plateau un milieu très comparable à celui du Turkestan et de la basse Asie centrale. A l’époque safavide et surtout aux 17ème et 18ème siècles, se constituèrent de vastes confédérations nomades strictement hiérarchisées pour encadrer la population nomade, codifier ses déplacements au milieu des populations sédentaires et assurer en permanence, par l’intermédiaire de leurs chefs, la représentation politique auprès du pouvoir central. A partir du 18ème siècle, on vit émerger trois puissantes confédérations nomades : les Bakhtiaris dans le Lorestan, et les Qashqaïs puis les Khamseh dans le Fars.
Les effets de la sédentarisation forcée
En 1920, les tribus nomades constituaient le quart de la population de l’Iran. Leurs effectifs ont été considérablement réduits par la sédentarisation forcée à laquelle elles furent soumises à deux reprises. La première tentative fut l’œuvre de Réza Shah en 1924. Beaucoup de nomades fixés à haute altitude subirent des hivers rigoureux qui décimèrent leur bétail. Profitant de l’affaiblissement du pouvoir central, ils reprirent peu à peu la vie nomade. La seconde tentative commença en 1957. La réforme agraire de 1962 avec la redistribution des terres se solda par une forte diminution des pâturages sous la poussée des agriculteurs ; phénomène amplifié ensuite par la fermeture des frontières. Entre 1986 et 1996, l’effectif des nomades migrants serait passé de 1 150 000 à 211 000.
Principaux groupes ethniques pratiquant le nomadisme
Les Bakhtiaris
Les Bakhtiari sont une tribu d’Iran méridional. Musulmans chiites, ils parlent un dialecte, le lori. Leur nombre est estimé entre 600 000 et un million. Beaucoup d’hommes politiques sont d’origine bakhtiari. Un petit nombre d’entre eux pratiquent encore le nomadisme dans la province de Chahar-Mahal-va-Bakhtiari. Ils vivent sous des tentes, se déplacent à cheval avec des mulets, passent l’été dans les montagnes du Zagros, à l’ouest d’Ispahan et l’été près d’Ahwaz, dans le Khuzestan. Les femmes sont drapées dans des tissus aux couleurs vives, à dominante rouge. Les hommes portent le chooga, kimono blanc à larges rayures noires et de petites calottes sombres. Ils vendent les produits de leur artisanat, notamment des tapis réputés, et quelques produits laitiers à Ispahan.