L’objet appelé narguilé dans la plupart des pays européens est une grande pipe à eau servant à fumer un mélange de tabac et d’essences de fruits. Son nom, dérivé du sanscrit, viendrait du mot persan nargil : noix de coco, probablement parce que les premiers récipients utilisés pour fabriquer cet ustensile étaient des noix de coco.
Origines
Les traces les plus anciennes de narguilés ont été trouvées au sud et à l’ouest de l’Afrique, en particulier dans la grotte de Lalibela, en Ethiopie. Ils dateraient du début du XIVème siècle. Les Portugais ayant introduit le tabac en Iran au début du XVIème siècle, l’usage du narguilé s’est fortement développé sous la dynastie des Safavides si bien que la société persane tout entière l’utilisait à la fin du règne de Shah Abbas 1er. Il fut désigné en farsi par le terme ghelyan, probablement dérivé de l’arabe aghla qui signifie faire des bulles, bouillir.
Description
On distingue trois parties principales : à la base le corps ou réservoir, la cheminée intermédiaire et le bol à l’extrémité supérieure. Le réservoir est rempli d’eau à la moitié de sa hauteur. On peut y ajouter de l’eau de rose ou d’autres parfums. Un embout à sa partie supérieure permet de brancher le tuyau par lequel on aspirera la fumée. Le réservoir est surmonté par la cheminée, parfois munie d’un cendrier à son extrémité supérieure. La pipe immergée traverse la cheminée et le réservoir et plonge dans l’eau. Elle est surmontée du bol qui contient le tabanel, mélange d’environ 30% de tabac, de mélasse et d’essences de fruits avec, par-dessus, le charbon que l’on fera brûler pour amorcer la combustion.
Fonctionnement
L’air aspiré par le fumeur pénètre au sommet du narguilé et entretient la combustion du tabanel qu’il traverse, à une température d’environ 450°C. La fumée produite barbote dans l’eau du réservoir et se refroidit puis arrive par le tuyau dans la bouche du fumeur.
Le narguilé peut facilement être aménagé pour permettre son utilisation simultanée par plusieurs fumeurs.
De véritables objets d’art
L’imagination des artisans s’exprime sans limite dans la conception des narguilés. Le réservoir peut prendre toutes sortes de formes. On en trouve en métal, en verre, en cristal, en cuivre et en céramique. Certains sont rehaussés de dorures ; d’autres présentent des parties métalliques finement ciselées. Les tuyaux sont parfois, eux aussi, décorés. On retrouve dans ces objets les influences décoratives des régions d’où ils proviennent.
Jusqu’en 1914, des manufactures françaises comme Saint Louis, Baccarat ou Christofle fabriquaient des narguilés servant, le plus souvent, de cadeaux diplomatiques.
Risques sanitaires
Des études ont été menées pour tenter de comparer les risques encourus respectivement par les adeptes de la cigarette et les fumeurs de narguilé. Les résultats divergent et sont peu probants. Les plus pessimistes estiment qu’une séance de narguilé expose le fumeur à un volume de fumée correspondant à plus de cent cigarettes. Mais une partie des produits nocifs résultant de la combustion du tabanel et du charbon, comme la nicotine et les goudrons, est piégée par barbotage dans l’eau du réservoir.
Dans le cas d’un usage collectif, le passage du tuyau de bouche en bouche peut favoriser la transmission de maladies contagieuses comme l’herpès ou l’hépatite.